Le genou est une des articulations essentielles du corps. Très sollicités dans la moindre de nos activités, ils sont une partie indispensable de notre appareil moteur. Tous ceux qui ont eu des douleurs aux genoux ne le savent que trop bien.
Il y a trois ans, j’ai voulu faire un petit régime et me mettre au sport. Que des bonnes résolutions, prises au nouvel an entre deux coupes de champagne et trois tranches de pain au caviar. Décidée à faire de la cardio, je suis allée courir. Pas besoin d’équipement, j’avais déjà une vieille paire de basket et des vêtements confortables. Au lieu de les mettre pour regarder la télé, je les ai enfilés pour aller faire trois tours de parc à petites foulées. Les résultats furent spectaculaires : le premier jour, je rentrai chez moi au bout de cinq minutes, au bord de l’asphyxie, toussant comme une vieille 2CV. Au bout de trois mois, je faisais déjà deux tours de parcs sans ressentir le besoin de m’arrêter (le parc est très grand, je précise) et au bout d’un an, je courais une heure, en me sentant pousser des ailes. Inutile de vous dire que j’ai fondu. Malheureusement, un beau jour, ça m’est tombé dessus : la douleur au genou. Fulgurante, impossible de mettre le pied par terre. Les médecins ne trouvaient rien, et refusèrent de me mettre en arrêt maladie, objectant sournoisement que je travaillais assise dans un bureau. J’ai du passer quelques centaines d’euros en taxi lorsque même marcher jusqu’au métro devenait trop douloureux, et ne parlons pas de l’addiction aux antis douleurs que j’ai frôlée ; le jour où je me suis surprise à piquer les cachetons de ma mamie en fin de vie, je me suis dit qu’il fallait vraiment changer de docteur. J’ai tout essayé : l’homéopathie, l’acupuncture, la consultation mi-psy mi-diététique chez le naturopathe. J’ai entendu successivement « vous avez les jambes en X, ça s’opère si vous voulez », puis « le côté droit, ça vient de votre père, vous devriez lui parler ». A bout de nerfs, j’ai enfin trouvé un ostéopathe compétent. Il m’a dit que je souffrais tout simplement et comme beaucoup de gens d’un problème postural, (ca, je le savais depuis l’adolescence, merci), et que le genou est la première articulation à souffrir quand le corps ne se tient pas bien droit, surtout en cas d’activité sportive relativement agressive pour le genou, comme la course à pied, et surtout avec de mauvaises chaussures, comme ma vieille paire de la première guerre mondiale. Pour couronner le tout, je suis hyperlaxe, comme pas mal de gens, c’est-à-dire que mes articulations sont un peu trop souples, et donc un peu trop fragiles pour supporter des activités sportives intenses sans des muscles bien solides pour les accompagner. Une paire de semelles orthopédiques et beaucoup d’exercices de musculation plus tard, j’ai cessé d’avoir mal (et je n’ai jamais mentionné à mon père son éventuelle responsabilité dans les douleurs du côté droit). Je n’ai repris le jogging que plus de deux ans plus tard, à petites doses. Et surtout, bien mieux informée sur la bonne façon de faire du sport, c’est-à-dire pas n’importe comment ni avec n’importe quel matériel.
La première chose à savoir, c’est que les genoux sont très sollicités par notre activité motrice : lorsque l’on marche, ils supportent une pression équivalente à trois ou quatre fois le poids du corps. Cette position privilégiée les rend aussi vulnérables : ils sont fréquemment les premières parties du corps concernées par les blessures liées à la pratique intensive d’un sport. Il n’y a qu’à voir l’état des genoux des champions sportifs retraités. Enfin, même si le problème ou la blessure se situe ailleurs, comme dans le cas d’un déséquilibre postural (scoliose et autres), c’est souvent le genou qui ressentira le premier la douleur.
C’est pourquoi il est indispensable de penser à protéger ses genoux lors d’une pratique sportive, surtout si on a une fragilité dans ce domaine. Quelqu’un qui a des antécédents de scoliose, par exemple, devra être particulièrement attentif. Les femmes aussi sont plus exposées, de par leur morphologie : ayant le bassin plus large que les hommes, elles peuvent présenter une déviation des genoux et des chevilles par rapport à l’axe de la jambe. Comme on me l’a dit vulgairement, certaines femmes ont les jambes en X.
Alors que faire pour faire du sport sans se bousiller les genoux ?
La première chose à faire, quel que soit le sport que l’on souhaite pratiquer, c’est de s’assurer d’avoir le bon matériel. Gardez votre vieille paire de tennis pour descendre les poubelles, mais surtout n’allez pas courir ni même marcher longtemps avec. Mauvais appui, mauvaise démarche, déséquilibre, mal aux genoux. Investissez dans une bonne paire de chaussures adaptées au sport que vous souhaitez pratiquer. Renseignez-vous dans un magasin spécialisé, parlez de vos problèmes spécifiques aux vendeurs, ils sont là pour ça et sont souvent formés. Personnellement, j’avais négocié avec le magasin de sport de pouvoir sortir deux paires, les présenter à mon kiné, en choisir une sur son conseil, et me faire rembourser la seconde paire. Tout ca en échange d’une carte de fidélité et d’incessants spams sur ma boite mail, on n’a rien sans rien.
Une fois qu’on a choisi les bonnes chaussures, reste à choisir le bon sport. La course à pied n’est en général pas le plus recommandé : mais des exercices de physiothérapie ciblés pour rééquilibrer les muscles jambiers peuvent permettre de pratiquer à nouveau ce sport sur de meilleures bases. Le tout c’est de commencer par s’assurer que les fondations sont bonnes : bonnes chaussures, bon équilibre musculaire, bon tonus musculaire. Faire de la course à pied avec un corps non entraîné, des muscles mous et faibles, n’est pas une bonne idée : mieux vaut commencer par un peu de musculation.
Idéalement bien sûr, il vaut mieux choisir un sport qui sollicite les genoux le moins possible : la natation est parfaite pour cela, l’eau soulageant grandement le poids du corps et la pression exercée sur les genoux. Le vélo est aussi un très bon sport, puisque les genoux ne doivent pas supporter le poids du corps.
A l’opposé, les sports à risques sont typiquement le ski et le snowboard, qui sollicitent un maximum ces articulations. Rassurez- vous, il est rare qu’on interdise à quelqu’un de pratiquer un sport, mais si on a des douleurs aux genoux, mieux vaut s’assurer d’un bon suivi par un médecin du sport ou un kiné avant de chausser ses skis. A l’inverse, le ski de fond est sans danger pour les genoux.
Si on fait du sport en salle, l’elliptique est un très bon appareil qui reproduit les mouvements du ski de fond, répartit bien les efforts entre les divers groupes musculaires et ne contraint pas excessivement les articulations. En salle, évitez le tapis de course : courir sur une surface dure et lisse est encore plus agressif pour les genoux que de courir dans la nature ; si vous tenez absolument à courir, faites-le dans l’herbe, dans un parc, sur une surface inégale, car ainsi vous éviterez de solliciter le genou de manière identique et répétitive.
En résumé, avant de commencer la pratique d’un sport il est très important de prendre l’avis d’un médecin du sport ou d’un kinésithérapeute ; chaque personne est différente et tout le monde ne peut pas devenir Usain Bolt, hélas ! Mais il reste possible de prendre du plaisir à faire du sport si on se lance bien préparé : mieux vaut prévenir que guérir…