Je ne sais pas vous, mais moi, personnellement, chaque fois qu’il s’agit de faire du sport, j’ai toujours mieux à faire. C’est fou le temps que ça prend, de faire du sport. Pourtant, à chaque prise de bonne résolution, on se dit qu’il n’y a pas de raison qu’on n’arrive pas à caser une demi-heure trois fois dans sa semaine. Ça n’a l’air de rien, comme ça, une demi-heure. Mais ce qu’on ne nous dit pas, c’est que pour chaque demi-heure de “sport”, il faut aussi compter un quart d’heure pour trouver des vêtements adéquats dans sa penderie puisque ceux de la dernière fois croupissent encore dans le panier de linge sale, une demi-heure aller pour se rendre à la salle de sport ou à la piscine, vingt minutes ensuite pour la douche, dix bonnes minutes de queue pour trouver un sèche-cheveux de libre à la piscine en hiver, et je ne vous parle pas du temps que j’ai passé ensuite chez le médecin pour soigner mes deux mycoses et mon infection urinaire, merci la piscine.
Comme je n’ai pas les moyens de me payer un équipement à domicile, j’ai tenté le simple footing. J’habite à côté d’un parc: du coup, en termes de préparatifs, il me fallait 5 minutes pour enfiler mes baskets et m’y rendre. Par contre, là où j’habite, l’hiver, il fait moins dix. Et en plus, je me suis déboité le genou, à force de courir comme une perdue. Pendant mes 25 séances de kiné ultra douloureuses, on m’a fait la morale, on m’a seriné qu’il ne fallait pas courir comme ça, que le sport, ça ne s’improvise pas, qu’il faut une préparation, etc. C’était trop beau, aussi. Alors j’ai arrêté de courir. J’ai tenté la cardio maison, avec force battements de bras, et j’essayais de tenir cette satanée demi-heure en jetant des coups d’œil à la pendule et au repas sur le feu en haletant : résultat des courses, zéro. Pas le moindre bénéfice en vue.
Jusqu’au jour où un ami m’a parlé du « Tabata ». Moi, je croyais que c’était le nom d’une actrice porno des années 90, celle qui avait tenté de copuler avec un cheval, à moins que ce ne soit une autre. Du coup, ça m’avait laissée un peu sceptique : j’avais déjà mal au genou, alors je ne voulais rien risquer d’autre. Je tiens à ma peau, moi. Mais il s’avère que Tabata, c’est le nom du Japonais qui a inventé la méthode, que même les athlètes pro utilisent régulièrement. Dit comme ça, c’est tout de suite plus rassurant. Je me suis laissé tenter. J’étais en vacances sur le sable chaud et je me demandais quand j’allais pouvoir caser ma demi-heure de gym : pas à 6 heures, je suis encore à la plage, et le type poilu là-bas me regarde bizarrement quand j’essaye de faire du punching dans l’eau ; pas à 7h, c’est les courses, à 8heures, c’est l’apéro…. Même en vacances, je n’arrivais pas à la caser, cette foutue demi-heure. « Ça ne prend que cinq minutes », m’a dit mon ami. La séance de sport efficace qui ne dure que 5 minutes, ça sonne un peu comme Ségolène Royal se pacsant avec Valérie Trierweiler, pour la gauche, ou Fillon et Copé en train de tourner un porno gay, pour la droite : ça sent le fake à plein nez. Et pourtant, à ma grande surprise, ça a marché. Ça marche, je vous dis ! Trois semaines à bouffer de la charcuterie corse et des cacahuètes grillées sur la plage, et non seulement je n’ai pas pris un gramme, mais j’ai même perdu des cuisses! Ça ne m’était pas arrivé depuis mes 15 ans. Tout ça pour 5 minuscules minutes tous les 2 jours. Evidemment, qu’il y a un truc : c’est scien-ti-fique. En fait, la méthode Tabata mise tout sur l’intensité de l’effort, et non sur la durée. Si vous faites 5 minutes d’effort intense, ça a le même effet que la fameuse demi-heure modérée, qu’on fait souvent en se laissant distraire par un programme télé pendant qu’on pédale sans conviction. De plus, quand on fait de la cardio en courant ou en pédalant, il faut du temps à l’organisme pour augmenter le métabolisme et les battements cardiaques, et ensuite il faut maintenir les battements du cœur à un certain niveau pendant un certain temps pour espérer brûler des graisses. Le temps, toujours le temps ! Avec la méthode Tabata, au contraire, on augmente très vite son métabolisme et ses battements cardiaques, et on continue de brûler des calories après l’effort. Et un métabolisme élevé, c’est ça qui fait perdre du poids, même avec un bon coup de fourchette. C’est ce que serinent toutes les starlettes gonflantes à longueur d’interview : « je mange tout ce que je veux, j’ai la chance d’avoir un bon métabolisme ». Sauf qu’elles ne précisent pas si ce métabolisme est venu naturellement ! La recette Tabata: alterner 20 secondes d’effort intense et 10 secondes d’effort plus modéré, au moins 8 fois d’affilée (8 fois = 4 minutes). Et répéter cela tous les deux jours. La clé du succès, c’est que l’effort pendant les 20 secondes « intenses » doit être au maximum de vos capacités : vous devez sentir que vous êtes à bout, que vous ne pouvez pas donner plus. Ça peut être n’importe quel type d’effort, pourvu que ça sollicite un maximum de muscles. Des pompes, ou sauter à la corde, ou un sprint, alternés avec dix secondes de marche rapide, par exemple. Après une séance, c’est comme si on avait pédalé une demi-heure. Le gros avantage pour les gens normaux comme nous, c’est bien sûr le peu de temps que ça prend : 5 minutes tous les deux jours, même les plus débordées doivent pouvoir le faire ! Et les résultants sont vraiment là très vite. Alors, on s’y met quand ?